Pour ceux qui nous suivent, vous savez que l’on observe mensuellement les données de pollution téléchargeables sur le site d’Air Auvergne-Rhône-Alpes. Le récent communiqué de presse de “Grenoble à Cœur” nous a interpellé avec son graphique apportant la preuve indiscutable de l’augmentation de la pollution du fait du nouveau plan de circulation à Grenoble…
L’évolution mensuelle du NO2 depuis 10 ans à la station Grands Boulevards
Comme “Grenoble à Cœur”, prenons les données disponibles sur la station Grands Boulevards et suivons la même méthodologie. Avec les données mensuelles, on peut observer 2017 (losanges bleus) en comparaison des mesures mensuelles de 2007 à 2016 et de la moyenne des mesures de 2007 à 2016 (pointillé rouge).
On retrouve bien la saisonnalité été/hiver et les mesures 2017 sont clairement dans le nuage des mesures de 2007 à 2016 avec même certains mois plutôt en dessous de la moyenne comme septembre et juillet. Ceci est cohérent avec les mesures déjà commentées dans les observatoires mensuels que nous réalisons et disponibles sur notre site.
On observe déjà une première déviation des données par rapport à la figure 3 du récent communiqué de “Grenoble à Coeur”, page 4. Avec selon eux une moyenne de 44µg/m³ de NO2 alors que les données Air Auvergne-Rhône-Alpes nous donne 52µg/m³ de NO2 en moyenne de 2007 à 2016 sur la station Grands Boulevards !
Cumul annuel de l’écart à la réglementation de 40µg/m³
Continuons avec l’analyse suivante qu’ils ont choisie, c’est à dire le cumul jour mesuré en comparaison de la limite réglementaire de 40µg/m³. On utilise donc les données journalières de Air Auvergne-Rhône-Alpes (toujours disponibles sur leur module de téléchargement) pour tracer l’écart cumulé jour au 40µg/m³ réglementaire pour 2017 (courbe rouge ci-dessous). Et on le compare à l’écart réglementaire cumulé jour de la moyenne des mesures de 2007 à 2016 (courbe bleue ci-dessous).La courbe rouge de 2017 est identique à celle présentée par “Grenoble à Cœur” avec un cumul à mi-octobre à environ 1800 jour.µg/m³. Par contre, la courbe bleue de référence des 10 dernières années est très différente puisque comme évoqué précédemment, leurs données moyennes sont plus basses à 44µg/m³ alors que les mesures Air Auvergne-Rhône-Alpes sont en moyenne à 52µg/m³.
D’ailleurs pour éviter toute ambiguïté, partageons le tableur dans lequel nous avons les exportations de données en provenance de Air Auvergne-Rhône-Alpes et la construction des graphiques. Votre œil critique et les corrections éventuelles seront les bienvenues. Nous pouvons aussi commettre des erreurs !
Quelle sont donc les données de référence permettant de comparer 2017 aux 10 ans passées
Nous avons donc cherché à détecter et comprendre la source de l’écart des mesures de “Grenoble à Cœur” et celles récupérées sur Air Auvergne-Rhône-Alpes. Une autre station ? Un autre polluant ? Un calcul ? Aucune de nos hypothèses n’a abouti !
On a donc aussi cherché dans les communiqués « Grenoble à Cœur » précédents. Celui du 28 août est intéressant à la page 4 ! L’historique des 10 dernières années avait déjà été utilisé sans toutefois le comparer à 2017. Voilà le graphique qui ressemble très fortement à la figure 3 citée plus haut.
Mais on note des données légèrement plus hautes… Superposons donc les 2 graphiques du 28 août et du 19 octobre 2017, qui sont d’après « Grenoble à Cœur » les mesures Air Auvergne-Rhône-Alpes pour la station Grands Boulevards de 2007 à 2016 !
On retrouve un écart moyen de 8µg/m³ déjà évoqué (52-44µg/m³) ! Étonnant scientifiquement qu’un même graphique, provenant d’une même source Air Auvergne-Rhône-Alpes, d’une même station et d’un même polluant présente cette similarité décalée de 8µg/m³ ! Dans le doute, on privilégiera l’hypothèse d’une erreur humaine… Il serait donc normal et honnête que “Grenoble à cœur”, Place Grenet, qui a publié l’article du communiqué de presse du 19 octobre, ainsi que tous les auteurs vindicatifs des commentaires, reprennent les données Air Auvergne-Rhône-Alpes et publient leurs données de référence et leurs tableurs !
A votre disposition pour en discuter mais la conclusion « Grenoble à Cœur » faite avec des données non vérifiées est donc non recevable ! Fakenews !
Pour terminer sur un constat en accord avec “Grenoble à Cœur”, oui la métropole grenobloise est polluée au-dessus du seuil réglementaire des 40µg/m³ de NO2, et cela depuis les 10 dernières années. 2017 n’échappe pas à cette observation ! Par contre au fil des années on constate une diminution du niveau de pollution, certainement liée au travail et la réglementation faits pour influencer la baisse de l’usage de la voiture, la baisse d’émissions de pollutions industrielles et l’incitation à l’usage d’un chauffage bois propre. Cette baisse est d’ailleurs constatée sur 10 ans dans le rapport 2016 Air Auvergne Rhône-Alpes, §3 p. 21.
Continuons donc la sensibilisation de tous et l’effort réglementaire pour diminuer l’émission des polluants par tous. On pourrait alors repasser en-dessous des 40µg/m³ de NO2 pour la bonne santé de chacun !